REFLEXION SUR LA MISE EN PLACE D’UN FONDS DE STABILISATION AU SEIN DE LA CEDEAO
INTRODUCTION
La stabilité macroéconomique est une des principales préoccupations des décideurs politiques et économiques et signifie le respect des principaux indicateurs macroéconomiques. En effet, depuis la récente crise de 2008 qui a démarré aux Etats Unis, les pays développés et sous développés peinent à retrouver la stabilité macroéconomique. Dans la zone OCDE, le déficit budgétaire avait atteint des sommets sans précédent en 2009, avant de redescendre aux alentours de 6 % du PIB en 2011. De plus, pour de nombreux pays, le ratio d’endettement a largement augmenté, ce qui a accentué la vulnérabilité des finances publiques, la volatilité des marchés de capitaux et réduit les marges de manoeuvre ainsi que l’efficacité des mesures de politique budgétaire pour contrer les ralentissements économiques.
Sur le continent Africain, la crise s`est également ressentie à plusieurs niveaux. En 2009, le taux de croissance enregistré sur le continent a été de 2,5 %, soit moins de la moitié du taux d’avant la crise, ce qui s’est traduit pour la première fois en dix ans, par une diminution du PIB réel par habitant. Au cours de cette année, l’Afrique a perdu environ 30 à 50 % de ses recettes d’exportation de 2008. En dépit d’un certain allégement de la facture des importations dû à la baisse des prix alimentaires et pétroliers, la balance commerciale globale s’est fortement détériorée. D’un excédent de 3,8 % du PIB en 2008, le compte courant du continent est passé à un déficit de 2,9 % en 2009. Dans l`espace CEDEAO, le respect des critères de convergence a été fortement perturbé par l`impact du choc exogène sur les prix alimentaires et énergétiques, qui s`est traduit à la fois par une nette augmentation de l`inflation et, dans les Etats importateurs de pétrole, par une dégradation des finances publiques. La crise a aussi accentué la volatilité des taux de change, laquelle nuit au commerce et à la croissance en augmentant l`incertitude et les couts des échanges internationaux. La plupart des pays de la ZMAO ont connu une dépréciation de leurs monnaies.
Pour faire face à ces crises qui affectent sérieusement la stabilité macroéconomique, les gouvernements des pays développés (Etats Unis et Union Européenne) ont déployé des montants considérables de fonds publics, en vue d`assurer la stabilité financière. Dans l`Union Européenne, les vingt sept pays membres ont mis en place un fonds de stabilisation pour préserver la stabilité financière de l’Union économique et monétaire européenne en offrant une assistance financière aux États-membres en difficulté. La Grèce et l`Irlande ont déjà bénéficié de ce fonds avec des taux d`Intérêt relativement bas. L’expérience de l’UE est édifiante à plus d’un titre car, elle vient de prouver que si l’instinct communautaire prédomine, les parades de stabilisation financière peuvent être trouvées au sein de regroupements régionaux. Par conséquent, les pays de la CEDEAO pourraient bien mettre en place un Fonds de stabilisation permettant aux pays membres de faire face aux chocs exogènes mais aussi aider à la stabilisation des taux de change. C’est dans cette lancée que le Comité des Gouverneurs a recommandé la mise en place de fonds de stabilité lors de la présentation du document portant sur le mécanisme de change de la CEDEAO. Cette recommandation a aussi été renouvelée lors de la dernière réunion du Comité des Gouverneurs tenue à Conakry.
Le but de ce fonds de stabilisation sera d`une part, de protéger le ou les pays membres de la CEDEAO dépendant des matières premières contre la hausse des prix en stabilisant les revenus, d`autre part de protéger les monnaies nationales contre les risques d`attaque spéculative.
Notre étude sera structurée comme suit :
– Approches théoriques et empiriques des fonds de stabilisation
– Expériences de fonds dans le monde
– Nécessité de la mise en place d`un fonds de stabilisation dans la zone CEDEAO
– Mécanismes et fonctionnement du Fonds de stabilisation pour les pays de la CEDEAO
– Conclusion