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RAPPORT PREMIER SEMESTRE 2013 PROGRAMME DE COOPERATION MONETAIRE DE LA CEDEAO

L’activité mondiale devrait augmenter modérément en 2013, avec un taux de croissance de
2,9% contre 3,2% en 2012. L’impulsion devrait venir plus ou moins des pays avancés, où la
production devrait progresser d’environ 1,2 % en 2013 et 2,0% en 2014. L’affermissement de
l’économie américaine, une réduction appréciable du durcissement budgétaire (sauf au Japon)
et des politiques monétaires très accommodantes sont les moteurs de ce léger redressement
attendu. Dans la zone euro, la croissance sera freinée par la grande faiblesse des pays de la
périphérie, elle serait de -0,4% en 2013 et 1,0% en 2014. Les pays émergents et les pays en
développement devraient connaître une croissance voisine de 4,5% en 2013 et 5,1 % en 2014
contre 4,9% en 2012. Le chômage demeurera bien trop élevé dans beaucoup de pays avancés
et dans divers pays émergents, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Par opposition à ce tableau hétérogène pour les pays avancés et émergents, les économies des
pays membre de la CEDEAO se portent bien dans son ensemble. La CEDEAO enregistrerait
une nouvelle année de forte croissance, avec un taux de 6,3%. Cette croissance serait
principale due à l’essor des activités extractives et pétrolières dans certains pays (Cote
d’Ivoire, sierra Leone, Burkina Faso, Ghana), la poursuite de l’exécution des programmes
d’investissements publics dans les infrastructures et le renforcement des capacités d’offre
d’énergie électrique dans la plupart des Etats membres. Toutefois, par rapport à l’année 2012,
une légère baisse de 0,1 point de pourcentage de la croissance a été observée en raison de la
baisse de la croissance dans la plus part des pays membres.
L’activité économique de la communauté s’est déroulée dans un contexte de baisse de
l’inflation, en liaison avec le relâchement des tensions sur les marchés mondiaux de produits
alimentaires, conjugué aux effets du desserrement monétaire dans plusieurs pays et à
l’amélioration des conditions climatiques au Sahel.. En fin juin 2013, le taux d’inflation de la
communauté est ressorti à 7,9% contre 10,1% à la même période de l’année précédente.
L’inflation a baissé dans pratiquement tous les pays membres de la communauté, excepté le
Ghana, la Gambie, la Côte d’Ivoire et le Niger. Les niveaux d’inflation les plus faibles ont été
observées au Benin, au Mali et en Guinée Bissau avec les taux respectifs de 0,7%, -1,3%, et –
0,8%.
Au niveau des finances publiques, malgré les mesures prises par certains membres pour
renforcer leur position budgétaire qui avait été grandement fragilisée par la récession
mondiale, la situation des finances publiques s’est dégradée dans beaucoup de pays membres
de la CEDEAO au titre du premier semestre 2013. Le déficit budgétaire hors dons (en % du
PIB) de la Communauté se situe à 2,4% contre 1,5% à fin juin 2012. Si les dons sont pris en
considération, le déficit représente 1,1% du PIB en fin juin 2013 contre 1,7% en fin juin 2012.
Cette contreperformance est due principalement aux déficits de la plupart des pays membres,
en particulier le Niger (-7,0% contre -1,2% en juin 2012), le Ghana (-6,4% contre -4,3% en
juin 2012), la Guinée (-6,4% contre -2,4% en juin 2012) et le Cap Vert (-7,4% contre -12,4%
en juin 2012). Toutefois, certains pays membres comme le Burkina Faso, la Guinée Bissau et
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la Sierra Leone ont amélioré leurs situations budgétaires qui sont passés respectivement de –
1,7%, -1,5% et -0,9% du PIB en juin 2013 contre respectivement -2,0%, -3,2% et -6,1% en
juin 2012. Le Nigeria a connu une évolution modérée de son déficit budgétaire -1,8% du PIB
en juin 2013 contre -1,3% à la même période de l’année dernière.
Pour la dette publique, le niveau d’endettement des pays de la CEDEAO a augmenté
légèrement en 2013 par rapport à 2012. En effet, le stock total de la dette se chiffrerait à
25,9% du PIB en 2013 contre 27,3% du PIB en 2012, soit une diminution de 1,4 % du PIB.
S’agissant du secteur extérieur, la balance courante serait excédentaire de 3,4% du PIB contre
4,2% en 2012. Cette contreperformance serait due principalement aux déficits enregistrés
dans tous les pays membres excepté au Nigeria (qui enregistrait un excédent 8,9% du PIB en
2013, contre 10,3% du PIB en 2012). Les plus importants déficits seraient enregistrés au
Liberia (-89,7% du PIB), en Guinée (-16,5% du PIB), en Gambie (-15,9% du PIB) et au Niger
(-14,0% du PIB). La persistance du déficit de la balance des transactions courantes dans ces
pays résulte principalement de l’alourdissement de la facture des importations de biens et de la
détérioration du solde des services ainsi que le repli des appuis budgétaires reçus par la
plupart des Etats membres de la communauté et des envois de fonds des migrants. La hausse
des importations est essentiellement liée à l’accroissement des approvisionnements en biens
d’équipement et intermédiaires, en relation avec la mise en œuvre de programmes de
construction d’infrastructures dans la plupart des Etats de la Communauté et le regain
d’investissement dans les secteurs minier et pétrolier notamment. Pour la détérioration du
solde des services, elle est due à l’alourdissement de la facture du fret, en ligne avec
l’augmentation des importations, et l’accroissement de la consommation des autres services
spécialisés dans les secteurs minier et pétrolier.
Pour le solde global de la Balance des paiements de la CEDEAO, l’excédent connaîtrait une
baisse en 2013 avec 0,4% du PIB contre 3,9% en 2012 du fait de la baisse du surplus du
Nigeria. Cet excédent s’est reflété dans tous les pays, excepté au Mali, au Niger, au Ghana et
en Guinée qui ont enregistré des déficits de leurs soldes globaux.
Au niveau des aspects monétaires, la BCEAO, les Banques centrales de la Gambie, de la
Guinée et de la Sierra Leone ont adopté l’assouplissement de leur politique monétaire à travers
la baisse de leurs taux directeurs. Le taux du guichet de prêt marginal et le taux minimum de
soumission aux appels d’offres de la BCEAO ont connu une baisse de 0,25 point de
pourcentage à cinq (5) reprises entre 2011 et septembre 2013. Les taux sont passés
respectivement de 4,0% et 3,0% en fin 2012 à 3,5% et 2,5% en septembre 2013. Les Banques
centrales de la Gambie, de la Guinée et de la Sierra Leone ont fait baisser respectivement
leurs taux directeurs de 12,5%, 22,0% et 20% en décembre 2013 à 10 %, 16,0% et 15,0% en
juin 2013. Le Nigeria et le Cap –vert ont maintenu leur taux directeurs constant à 12,0% et
5,75% respectivement. Quant au Ghana, il a revu à la hausse son taux directeur de 15% à 16%
entre décembre 2012 et juin 2013 dans le but probablement de contenir l’inflation ou de
stabiliser son taux de change. Les taux des réserves obligatoires sont restés constants dans
tous les pays membres au cours du premier semestre 2013.
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Le desserrement de la politique monétaire dans la majeure partie des pays ne s’est pas reflété
directement sur les autres taux d’intérêt surtout ceux des bons du trésor où une tendance à la
hausse a été observée à l’exception du Nigeria, du Cap -vert et de la Sierra Leone. En tenant
compte des taux des bons du Trésor à 91 joursLes taux d’intérêts réels de beaucoup de pays
sont restés positifs au premier semestre 2013 à l’exception de la Sierra Leone. Ce qui sous
entend que les pays qui ont des niveaux d’inflation élevés, pratiquent aussi des taux d’intérêt
nominaux élevés.
L’analyse des agrégats monétaires montre une expansion de la masse de 14,4% en fin juin
2013 contre 11,7% à la même de 2011, soit une hausse supérieure à la croissance économique
de la communauté de 7,9 points de pourcentage, ce qui argue pour une hausse de la liquidité
de l’économie. Cet accroissement de la liquidité globale, induit par les contreparties de la
masse monétaire surtout les crédits à l’économie, est reflété, au niveau de ses composantes,
notamment les dépôts et la circulation fiduciaire. En effet, la situation diffère d’une zone à
l’autre.
L’analyse des institutions financières et des marchés financiers montre qu’au niveau de
l’UEMOA, en dehors d’un marché financier et d’un système de paiement déjà intégrés et
harmonisés, des progrès continuent d’être toujours enregistrés surtout en termes de systèmes
de financement décentralisés et d’assurance. Quant à la ZMAO chaque pays dispose de son
propre système financier traduisant ainsi la faible intégration du secteur financier dans cette
zone. Dans l’ensemble, le système financier de la communauté est stable et se porte bien, car
pratiquement la majeure des banques ont satisfaites les principaux ratios prudentiels tels que
le capital adéquat et la liquidité et les marchés financiers évoluent dans le bon sens même si
une tendance baissière est observée au niveau de la BRVM.
S’agissant de la convergence macroéconomique, le niveau de performance des pays n’a pas
fondamentalement évolué au 1er semestre 2013 comparativement à la même période de
l’année précédente, à part une baisse drastique du niveau de respect du critère relatif aux
réserves brutes de change. Au niveau des critères de premier rang, il ressort une légère
amélioration par rapport à l’inflation et au financement du déficit budgétaire par la Banque
Centrale. En revanche, l’on note une détérioration par rapport au critère portant sur les
réserves brutes de change en raison du non respect de ce critère par l’UEMOA. De même, le
niveau de performance par rapport au critère relatif au déficit budgétaire a connu une légère
dégradation avec deux pays supplémentaires ayant raté la cible. En ce qui concerne les
critères de second rang, le niveau de performance n’a pas également évolué de manière
significative par rapport à la même période de l’année précédente. L’on note toutefois, une
amélioration par rapport au taux d’intérêt réel avec deux pays supplémentaires ayant respecté
la norme et dans une moindre mesure par rapport à la stabilité du taux de change nominal. En
revanche, une légère dégradation est observée par rapport à la mobilisation des recettes
fiscales et aux investissements financés sur ressources internes. Le même niveau de
performance a été maintenue par rapport aux autres critères de second rang à savoir la non
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accumulation des arriérés intérieurs et extérieurs, le niveau de la massa salariale et le niveau
de la dette publique.
Au total, aucun pays n’a respecté l’ensemble des critères de convergence au cours du 1er
semestre 2013. La meilleure performance a été enregistrée par le Burkina Faso et le Sénégal
qui ont respecté chacun neuf (9) des onze critères de convergence. Ces pays sont suivi par le
Mali qui a respecté huit (8) critères de convergence. La plus mauvaise performance a été
enregistrée par la Gambie qui n’a respecté que deux (2) critères de convergence. Sur la
période sous-revue, la plus forte progression (+2 critères respectés) a été enregistrée par la
Guinée. Quant à la plus forte contre-performance (-3 critères respectés), elle concerne la
Gambie.
En matière d’harmonisation des politiques, des avancées importantes ont été notées dans le
cadre de l’’harmonisation des cadres de politique monétaire, des législations et supervision
bancaires et autres institutions financières, des cadres comptables et de reporting des banques
et des institutions financières, des statistiques de la balance des paiements et de
développement des systèmes de paiements. Toutefois, des efforts restent à faire dans le cadre
de la préparation des conditions de l’interconnexion des systèmes de paiements et la
libéralisation du compte de capital.
En termes de perspectives, la situation économique et financière de la Communauté présente
un profil soutenable et des perspectives favorables. La croissance serait soutenue par de
nombreux pays ayant des taux de croissance au moins également à 7%, à savoir le Burkina
Faso, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Ghana, le Nigeria, le Liberia et la Sierra Leone. Le
maintien des efforts d’Investissement dans les infrastructures, l’entrée en activité de nouveaux
sites de production minière et pétrolière, une bonne orientation des prix de certaines matières
premières ainsi qu’une amélioration de la gestion des finances publiques sont des facteurs
justifiant la poursuite de ces performances. Outre, la bonne orientation des résultats de la
campagne agricole 2013/2014 dans beaucoup de pays, la performance résulterait de facteurs
comme le redressement prévu au Mali et en Guinée Bissau en relation avec le retour
progressif d’un climat sociopolitique apaisé qui impacterait la croissance et la stabilité
macroéconomique