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RAPPORT ANNUEL 2010

Après la stagnation enregistrée en 2009, l’économie mondiale a connu une importante reprise en 2010.
La croissance mondiale s’est établie à 5,0% en 2010 après -0,6% en 2009. Cette reprise concerne à la fois
les pays avancés et les pays en développement. Dans les pays avancés, la croissance du PIB réel est passée de -3,4% en 2009 à 3,0% en 2010. Quant aux pays émergents et en développement, ils ont connu une accélération de la croissance de 2,7% en 2009 à 7,3% en 2010. La vigueur de cette croissance économique en 2010 tient principalement au dynamisme de la production industrielle et du commerce international qui profitent de la relance des investissements et de la consommation des ménages. En Afrique, la plupart des pays ont connu une accélération de la croissance en relation avec la relance de la demande de matières premières et le redressement du cours des principales exportations. L’Afrique Subsaharienne devrait afficher un taux de croissance du PIB réel de 5,0% en 2010 contre seulement 2,6% en 2009. En dépit de cette embellie, la situation économique mondiale reste fragile, dans beaucoup de pays émergents, la demande est forte et la surchauffe constitue une préoccupation. Par ailleurs, la hausse des prix des matières premières et des produits alimentaires peut se traduire par de nouvelles spirales inflationnistes.
Profitant de ce contexte international plus favorable, les économies de la CEDEAO ont réalisé un taux de
croissance du PIB réel de 6,8% en 2010 contre 5,6% en 2009. Le Nigeria (7,9%), le Niger (7,5%) et le
Ghana (6,6%) ont enregistré les taux de croissance, les plus élevés en 2010. Par contre, la Guinée (1,9%),
le Bénin (2,8%) et la Côte d’ivoire (3%) ont réalisé les taux de croissance les plus faibles. Toutefois, tous
les pays de la CEDEAO à l’exception de la Côte d’Ivoire ont connu une accélération de la croissance en
2010. Cette accélération de la croissance repose généralement sur les performances enregistrées par les
secteurs primaire et tertiaire. Les performances du secteur primaire sont liées à la bonne pluviométrie et
l’augmentation de la demande mondiale des produits de base. Pour ce qui est du secteur tertiaire, son
dynamisme est en relation avec la reprise du tourisme, le développement des télécommunications et des
services financiers.
En 2010, l’activité économique de la CEDEAO s’est déroulée dans un contexte de légère hausse de
l’inflation. Le taux d’inflation annuel moyen s’est situé à 9,9% en 2010 contre 9,3% en 2009. Comme par
le passé, les taux d’inflation les plus élevés ont été enregistrés par les pays de la ZMAO notamment la
Guinée (15,5%), le Ghana (14,7%) et le Nigeria (12,4%). Ainsi, le taux d’inflation annuel moyen de la
ZMAO s’est établi à 12,6% contre 1,3% pour l’UEMOA. Pour sa part, le Cap Vert qui a un taux de change
fixe par rapport à l’euro, a enregistré un taux d’inflation annuel moyen de 3,1% en 2010. Les principaux
postes à l’origine de la hausse des prix au sein de la CEDEAO en 2010 sont l’alimentation, le logement et
le transport. Les prix du transport ont connu des hausses en lien avec les réajustements des prix du carburant à la pompe en rapport avec la remontée des cours du pétrole sur le marché international.
Au niveau des finances publiques, les pays de la CEDEAO ont globalement enregistré un déficit global
(dons compris) de 3,9% en 2010 contre 3,2% en 2009. La Guinée (14,0%), le Burkina Faso (7,5%) et la
Sierra Leone (6,1%) ont enregistré les déficits les plus élevés. L’augmentation du déficit global de la
CEDEAO est imputable l’accroissement sensible des dépenses en capital et des salaires dans un contexte
d’évolution modérée des recettes et dons.
S’agissant du secteur extérieur, l’excédent du compte courant qui avait déjà été affecté par les effets de la
crise financière internationale en 2009, a connu une chute drastique en 2010. En pourcentage du PIB,
l’excédent courant de la CEDEAO est passé de 11,7% en 2008 à 7,0% en 2009 puis 0,1% en 2010. Cette situation est principalement due au Nigeria dont l’excédent est passé de 22,0% du PIB en 2008 à 13,1% en 2009 avant de chuter à 3,8% en 2010. La détérioration du compte courant du Nigeria a été attribuée à l’augmentation de la facture d’importation ainsi qu’à la dégénérescence des services nets et des transferts courants, malgré l’évolution favorable sur le compte du commerce de marchandises.
Par rapport aux exigences du Programme de Coopération Monétaire de la CEDEAO, le profil de la
convergence macroéconomique au sein de la CEDEAO s’est légèrement dégradé au cours de l’année 2010 avec la remontée de l’inflation et l’accentuation des difficultés budgétaires. La détérioration est notamment constatée par rapport aux critères relatifs à l’inflation, à la masse salariale, à l’investissement sur ressources propres et au taux d’intérêt réel. Toutefois, une légère amélioration a été notée par rapport au déficit budgétaire et aux arriérés intérieurs. Les performances au titre du taux de pression fiscale et du financement du déficit budgétaire par la Banque Centrale ont été maintenues.
Au total, la meilleure performance à fin 2010 a été enregistrée par le Niger qui a respecté huit (8) critères sur les dix. Ce pays est suivi par le Mali, Burkina Faso, le Sénégal et le Togo qui ont respecté chacun sept
critères de convergence. Le Bénin suit avec six (6) critères de convergence respectés. Les plus mauvaises
performances ont été enregistrées par le Ghana, la Guinée et la Sierra Leone qui n’ont pu respecter qu’un
seul critère de convergence de second rang, chacun.
En matière d’harmonisation des politiques et d’arrangements institutionnels, l’on note des efforts importants.
Ainsi, tous les pays disposent de Comités Nationaux de Coordination (CNC) opérationnels à l’exception du Cap Vert et du Ghana. Pour le cas du Ghana des avancées pour assurer le fonctionnement du CNC sont notées alors que pour le Cap-Vert, les autorités sont contre la multiplicité de structures et proposent de regrouper les institutions dépendantes de la Communauté sous la tutelle de la cellule de la CEDEAO. En ce qui concerne l’harmonisation des politiques, des progrès importants ont été réalisés mais il reste à approfondir le niveau du développement et l’interconnexion des systèmes de paiements, la libéralisation du compte capital, la mise en place du tarif extérieur commun de la CEDEAO, l’harmonisation statistique ainsi que l’élimination de toutes les barrières à la libre circulation des personnes, du capital et des marchandises au sein de la communauté.
L’analyse détaillée de la situation macroéconomique des pays fait ressortir que les perspectives 2011
s’annoncent meilleures. En effet, le taux de croissance régional devrait se maintenir au dessus de 6%.
Pour sa part, l’évolution de l’inflation devrait être contenue. De même, les principaux indicateurs budgétaires devraient s’améliorer ou à défaut se maintenir. Au plan de la convergence macroéconomique, des améliorations sont attendues notamment du côté des pays qui sortent de crise comme la Guinée et la Côte d’Ivoire.